« Quand tu ne
sais pas où tu vas, n’oublie jamais d’où tu viens » (proverbe
africain)
Tout d’abord on va
s’intéresser aux développements des fonctions exécutives chez
l’enfant.
Les fonctions exécutives
sont des processus supportant plusieurs activités au quotidien permettant entre
autre de raisonner, de concentrer son attention, d’inhiber des comportements
indésirables.
Le cortex préfrontal
(large région du cerveau dans sa moitié antérieure) est une des régions qui se
développe le plus lentement et qui arrive à maturité vers 20 ans
environ.
Le développement des
fonctions exécutives est très étroitement lié à la maturation du cortex
pré-frontal. Il faut se rappeler
qu’avant 3 ans le cerveau des tout-petits laisse s’entrelacer des perceptions
sensorielles, des émotions, sans que le cortex frontal puisse encore filtrer et
classifier ces informations. Il était entendu que le développement des
fonctions exécutives était d’abord influencé par des facteurs liés à l’enfants.
Mais puisque le cerveau a une plasticité considérable à la période pré-scolaire
l’environnement dans lequel l’enfant évolue est susceptible aussi de
l’influencer..
Qu’en est-il du devenir
des traumas de l’enfance, des répercussions psychiques des violences dues à la
guerre, aux génocides…, cette transmission
transgénérationnelle du secret et du non-dit
crée une « impensée » rendant ce travail
impossible.
Les secrets normaux
peuvent être bénéfiques, les nocifs, eux sont destructeurs car ils clivent la
personnalité (entre la partie qui sait et celle qui doit pas savoir ou qui doit
faire comme si elle ne savait pas). Les enfants exposés aux violences
collectives sont confrontés à des traumatismes individuels familiaux, groupaux,
qui fragilisent leur développement et cette perte des enveloppes culturelles ou
familiales peut alors déboucher sur la crainte de l’effondrement psychique en
mettant à mal leur continuité d’existence.
Maintenant rappelons-nous
que dès sa naissance l’enfant a un potentiel de capacités qui vont lui
permettre l’échange et la communication. Il a besoin de lien pour nourrir sa
vie psychique « un enfant seul cela n’existe pas » disait Winnicott.
L’identité est difficile à construire pour les enfants car elle est multiple et
complexe. Ils sont confrontés à des passages entre « dedans » et
dehors. Dedans c’est l’espace familial avec ses codes, sa culture ; le
dehors c’est tout ce qui est en lien avec le monde d’accueil et aussi de mise à
l’écart. Aussi l’école se doit d’être accueillante à la multiplicité et à la
différence. Doit être pris en compte une reconnaissance de la langue de la
famille, car il ne faut pas que l’enfant renonce à son histoire. L’identité
n’est pas facile à construire pour l’enfant, d’où la transmission du savoir, la
langue maternelle et la langue d’accueil.
Une question importante
se pose : comment transmettre nos origines à nos enfants.
Ne serait-ce pas là une
des fonctions essentielles de la famille. Durant des décennies la généalogie
s’inscrivait dans du repérable. Aujourd’hui les systèmes de filiations sont
moins lisibles.
Quelles représentations
les pères et le mères non biologiques ont-ils de l’origine de leur
enfant ? Quelle est la transmission implicite ou inconsciente ? Qui
est la mère ? Qui est le Père ?
Il y a comme une sorte de
prolifération de mère et de père autour de certains enfants alors que d’autres
restent dans des schémas traditionnels. D’où vient-il cet enfant des
PMA ?
Il peut sentir qu’il est
en charge de de réparer une blessure, de combler un manque.
Le sujet des origines a
une valeur toute particulière dans les familles ayant eu recours à la
PMA.
Vers 4-5 ans l’enfant va
se demander quelle est sa place dans l’histoire de la famille aussi des
réponses simples et adaptées à sa capacité de compréhension seront alors à lui
fournir sous forme de contes ou de fables. Il faut garder à l’esprit que les
secrets de famille sont souvent la cause de troubles affectifs et se
transmettent de parent à enfant en faisant ensuite obstacle au bon déroulement
des acquisitions scolaires.
Autre question que l’on
peut se poser :
A quel moment les enfants
découvrent-ils la notion de sélection ? Très tôt. Dès la petite section de
maternelle. Les enfants ayant l’habitude des livres sont à l’aise dans
l’organisation temporelle (début, cheminement, fin), mais pour ceux qui n’en
n’ont pas l’habitude : ils sont perdus.
Alors pendant que
l’enseignant lit une histoire ils s’agitent, bougent, gênent les autres. Il est
alors impérieux d’aller chercher ceux qui restent « à coté ». Il faut
un système qui repère plus les capacités des enfants qu’il ne le sélectionne.
Eduquer veut dire « guider hors de ».
Il est fondamental de
donner le goût d’apprendre à l’enfant mais sans oublier qu’il est tout aussi
important de
ne pas nier son origine et de favoriser la transmission que peuvent faire les
parents, qu’ils se sentent « savants « ou non c’est de singulier
dont leur enfant a besoin car l’originalité fait partie de la
vie.
Enfin il y a secret et
secret.
Il est fondamental de
parler des traumatismes, des événements traumatiques des secrets aussi honteux
ou traumatiques qu’ils puissent être. Le fantôme transgénérationnel est une
structure psychique émotionnelle résultant d’un traumatisme. Il peut être
transmis de génération en génération sans dégâts visibles telle une grenade
dégoupillée. Puis un jour elle explose sous forme de phénomènes pathologiques
incompréhensibles. Il est important de pouvoir s’occuper de nos traumas
personnels et de ceux de nos ancêtres que nous portons en nous.
Rappelez-vous :
Marylin Monroe, privée de tendresse enfant est devenue un fantôme,
alors que Hans Christian
Andersen, lui, a été réchauffé. L’affection est indispensable,
vitale
pour revenir à la vie. Grâce à ce phénomène de résilience, à ces nouveaux
liens affectifs l’enfant grandissant va mettre en place un processus de
libération de ces fantômes.
Voilà une nouvelle
journée où les intervenants vont nous donner accès à la réflexion,
à la connaissance, à nos
connaissances, et nous interroger sur comment permettre à l’enfant de trouver
sa place.
"D'où qu'il vienne, un
enfant reste un enfant"
Françoise-Flore COLLARD
Présidente de "Couleur d'Enfants"
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